Rien de très étonnant pour cette fan de Valo tout juste sortie de son master en production audiovisuelle. Un désistement et hop, il n’en faut pas plus pour que la joueuse s’essaye au cast pour « dépanner » et en tombe amoureuse. « Ça a tout de suite bien fonctionné », se remémore-t-elle.
« Des communautés d’incels avec qui tu ne peux pas débattre »
Sa transidentité, « ça n’a jamais été un sujet ». Et pour cause, Julia était déjà out comme femme trans avant qu’elle ne commence le stream. Aucun impact direct sur sa carrière donc. Bien au contraire, la jeune femme de 26 ans souligne l’accueil chaleureux des personnes que son parcours l’a amenée à rencontrer sur la scène esport. « Je me suis toujours sentie la bienvenue, assure la casteuse. Il n’y en a que quelques-uns qui ne me connaissent pas et qui viennent me demander si je suis un homme ou une femme. Bref, ils ne savent pas lire une bio… »
« Noyée dans tout le positif », la streameuse a pourtant elle aussi le droit à son lot de « cons ». Particulièrement quand celle-ci prend la parole publiquement « J’ai l’impression que le fait que je sois trans, ça invalide mon avis, regrette la jeune femme. Je m’exprime sur un sujet important et on va me dire : “Ferme ta g***** t’es trans.”»
Exemple, lorsqu’elle essaye de faire comprendre le problème des blagues sexistes, homophobes ou transphobes dont sont truffés les chats. « C’est des communautés d’incels avec qui tu ne peux pas débattre, poursuit-elle. Ils me traitent de “sale trans”».
« Les femmes trans ne gênent personne sur la scène »
Plus que sur le cast, les critiques envers LittleBigSpy sont particulièrement tournées vers son statut de joueuse puisque celle-ci évolue sur la scène féminine de Valorant.
Cette « minorité » bruyante, pseudo défenseuse des esportives, LittleBigSpy la décrit au contraire comme composée « d’hommes qui ne regardent pas la scène féminine et qui n’en ont que faire des droits des femmes de manière générale ».
Les principales concernées ne voient d’ailleurs elles-mêmes aucun problème à ce que Julia concourt à leurs côtés. « Je pense notamment à Loupiote avec qui j’ai eu l’occasion de discuter plusieurs fois et qui est une figure de proue de la scène féminine en France. Elle s’est déjà exprimée plusieurs fois à ce sujet pour dire que les femmes trans ne gênent personne sur la scène. »
La transphobie n’est pas seulement un problème dans l’esport
Si ces commentaires « impactaient beaucoup » la joueuse il y a quelques années, aujourd’hui ce n’est plus le cas. « Ça me passe un peu au-dessus.» Sa technique pour se protéger ? Bloquer à vue dès qu’elle tombe sur un message problématique. La casteuse a également rejoint l’association Remake spécialisée dans la couverture de l’actualité Valorant Game Changers. Une safe place où la mixité fait partie du quotidien.
Mais pour Julia, ce n’est pas tant à la scène esport de faire des efforts pour vaincre la transphobie. Le problème dépasse largement ce cadre. « C’est un combat public. Ces efforts pour les minorités, ce sont des efforts continuels pour tout le monde, affirme la streameuse. On ne devra jamais s’arrêter. »
Article écrit par Esther Dabert.